Ce que j'aime à Madère...

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Madère est l’île principale d’un archipel volcanique éteint depuis vingt-cinq mille ans. Portugaise depuis le quinzième siècle, elle se situe à une heure trente de vol de Lisbonne, à quelques six cents kilomètres des côtes marocaines.
Mecque des randonneurs, elle procure un dépaysement que peu d’îles peuvent se vanter d’offrir.

Randonnée au Pico Ruivo
Randonnée au Pico Ruivo © François Ribard

Ce que j’aime à Madère c’est un mélange fascinant de finisterre européen et d’exotisme subtropical, sur un territoire au caractère montagneux affirmé qui donne un vrai sentiment d’immensité. L’île est tellement escarpée que si une main extra-terrestre venait à appuyer sur toutes ses montagnes pour les aplanir, elle couvrirait aisément la superficie de deux départements français alors que ses dimensions (57 kilomètres de long sur 23 de large) en font un territoire à peine moins étendu que le Vercors.  L’influence portugaise est partout présente : la langue, l’architecture marquée par le style colonial, la religion…

Église de Ribeira-Brava
Église de Ribeira-Brava © François Ribard

En dehors des mets portugais traditionnels, la cuisine elle-même a su développer des spécialités qui sont propres à ce terroir plutôt restreint. Surgi des profondeurs, l’espada est un poisson allongé de couleur noire et aux yeux démesurés.

Découpe de thon sur le marché au poisson de Funchal
Découpe de thon sur le marché au poisson de Funchal © François Ribard

Préparé avec les savoureuses bananes de l’île, c’est une spécialité que vous goûterez sûrement. Quant aux espetadas ce sont des brochettes de bœuf fichées sur des branches de laurier qui confèrent à la viande de délicats parfums boisés. Côté boisson, le vin de Madère, proche cousin du Porto est un remarquable produit du terroir. N’oublions pas la poncha, mélange de jus de citron, de sucre et de rhum madérien, le fameux aguardente… C’est déjà un clin d’œil vers les tropiques.

Broyage des cannes à sucre pour la fabrication du rhum à Porto da Cruz
Broyage des cannes à sucre pour la fabrication du rhum à Porto-da-Cruz © François Ribard

Tournons le dos à l’Europe. L’exotisme se révèle sous un climat tempéré, chaud sans excès, humide sans démesure tout en multipliant les contrastes à l’envi.
Prenez la péninsule de São Lourenço, à l’est de l’île. Battue par les vagues de l’océan, elle présente une végétation quasi désertique sur fond merveilleux de roches colorées qui témoignent de la violence des éruptions volcaniques passées.

Sur la ponta de São Lourenço
Sur la ponta de São Lourenço © François Ribard

 

 

Sèche la ponta de São Lourenço ? Il y a de quoi : avec moins de 400 millimètres de pluie par an elle accueille une végétation rase et quasi désertique alors qu’à vingt kilomètres de là, on atteint allègrement 1100 millimètres de précipitations annuelles sur la côte nord et même 3 mètres sur les plus hauts sommets.
On imagine d’autant le contraste des paysages. En dehors de sa péninsule orientale, Madère est une île massivement boisée. Si les découvreurs de l’île la baptisèrent Madeira (bois en Portugais) ce n’est pas pour rien. Au contraire de la pointe de São Lourenço, la majeure partie de l’île est couverte d’un épais manteau végétal enrichi par les nombreuses espèces exotiques – brésiliennes notamment – qui ont été introduites au fil des ans.

La fraîcheur du sentier de la côte Nord
La fraîcheur du sentier de la côte Nord © François Ribard

C’est qu’à la suite de sa découverte en 1420 par les hommes d’Henri le Navigateur, sous les ordres du capitaine de caravelles João Gonçalves Zarco, le feu fut mis à l’île pour la déboiser. L’incendie dura, dit-on, sept ans ! Peine perdue compte tenue de la richesse en eau de l’île et de la fertilité des sols volcaniques.
La beauté des forêts est à l’aune de la diversité. Ce que j’aime c’est passer des cutures – canne à sucre, bananiers et vigne essentiellement – sur les terres les plus basses, à la forêt d’eucalyptus vers 700 mètres d’altitude

Dans la forêt d’eucalyptus
Dans la forêt d’eucalyptus © François Ribard

et la forêt de lauriers, la laurisilva, vestige exceptionnel d’un type de forêt autrefois largement répandu. Classée par l’Unesco, c’est la plus grande forêt de lauriers qui subsiste au monde en prenant en compte celles des Canaries et des Açores. Primaire à environ 90 %, elle contient un ensemble unique de plantes et d’animaux, dont plusieurs endémiques comme le pigeon trocaz de Madère. Et comment résister aux senteurs printanières des clochettes de l’arbre à muguet, l’une des nombreuses variétés de lauriers de Madère ?

Les fleurs de l’arbre à muguet
Les fleurs de l’arbre à muguet © François Ribard

Que n’a -t-on dit et répété sur la richesse en fleurs de l’île ? Au printemps en en été, c’est un éblouissement. Vipérines de Madère, agapanthes, digitales, bougainvilliers, hortensias bleus sont légions.

Vipérine de Madère sur le sentier des Picos
Vipérine de Madère sur le sentier des Picos © François Ribard

Quant au somptueux oiseau de Paradis, il pousse dans les parcs et les jardins comme les pissenlits chez nous ! Bien des visiteurs se rendent à Madère pour la beauté de sa flore. L’île fut même baptisée « jardin flottant de l’Atlantique » par l’un de ses illustres visiteurs, Winston Churchill.

Oiseau de paradis
Oiseau de paradis © François Ribard

Sur les hauteurs de Funchal, la visite du jardin botanique permet de compléter superbement cette découverte. Mais la capitale de l’île, qui rassemble près de la moitié de la population sur un large amphithéâtre tourné vers le sud a d’autres atouts dans sa manche. J’aime découvrir les motifs caladés de ses ruelles coloniales, la belle place de l’hôtel de ville avec sa tour, la cathédrale, la gaité fleurie des parcs et jardins sans oublier le front de mer et la promenade Santa Maria près de la forteresse São Tiago.

Une caravelle à la manoeuvre dans la baie de Funchal
Une caravelle à la manoeuvre dans la baie de Funchal © François Ribard

Amateurs de randonnées, vous n’en resterez évidemment pas là. Car Madère a bien d’autres balades à vous offrir. Et quelles balades ! Vous serez subjugués par la splendeur des paysages montagneux de Madère. Du Pico de Areiro au Pico Ruivo, le point culminant de l’île (1861 mètres), de Achada do Texeira à Encumeada, le sentier des Picos se glisse entre arches et pitons de basalte, falaises de cendres volcaniques dans une symphonie de nuances ocres rouges et entre des fougères arborescentes aux formes fantomatiques.

Randonneurs à Madère, entre Achada de Texeira et Encumeada
Entre Achada de Texeira et Encumeada © François Ribard

Et si, l’après-midi, des nappes de brouillard venues du nord viennent lécher les plus hauts sommets, les points de vue spectaculaires restent nombreux sur le relief tourmenté de l’île et sur l’immensité océane.

Le chemin du Pico Ruivo
Le chemin du Pico Ruivo © François Ribard

Enfin comment ne pas tomber sous le charme des 2500 kilomètres de canaux taillés dans les pentes, depuis les premiers temps de la colonisation de l’île ? Les fameuses levadas de Madère – chargées d’apporter l’eau qui abonde sur les flancs nord de l’île vers les plantations de la côte méridionale constituent un terrain de randonnée exceptionnel. Marcher sous les frondaisons des lauriers, au milieu d’une profusion d’agapanthes et devant des panoramas à couper le souffle en profitant du chant de l’eau est un bonheur unique. Les différents séjours proposés par Grand Angle font la part belle aux excursions le long des levadas.

Levada do Norte face au Pico Grande
Levada do Norte face au Pico Grande © François Ribard

On dit qu’une semaine de randonnée à Madère allège l’âme des soucis du quotidien pour plusieurs mois.  Voilà ce que j’aime à Madère.
Voilà ce que vous aimerez découvrir à Madère.

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