l'Equateur, le royaume des volcans

Actus Grand Angle

Suite des aventures de Guillaume et Laura, après une visite approfondie de la Colombie et un voyage en Bolivie, cette fois-ci place à l'Equateur, royaume des volcans...

 

Géographie de l’Equateur

Grand comme la moitié de la France, ce petit pays d'Amérique latine est doté d'une impressionnante diversité. Quatre monde se côtoient et se relient assez rapidement : la sierra, principalement constituée de l'allée des volcans avec de nombreux sommets autour de 4000/5000 voire même 6300m pour le point culminant, le Chimborazo. De nombreuses villes sont dans cet axe à une altitude oscillant entre 2000 et 3000 m, ce qui implique des températures qui restent assez fraîches malgré la latitude. On retrouve à l'est la zone amazonienne, relativement basse en altitude,  beaucoup moins habitée, extrêmement riche en biodiversité (et en pétrole, qui continue à être exploité). Cette zone constitue une énorme réserve sauvage défendue en particulier par les peuples indigènes qui ont su garder leur culture ancestrale en lien avec la nature. A l'ouest, c'est la côte pacifique où il fait beaucoup plus chaud et l'ambiance est très différente. On y rencontre des iguanes, des fous à pieds bleus, et d'autres espèces endémiques. Le quatrième et dernier monde d'Equateur  est l'archipel des Galapagos, un extraordinaire lieu qui présente une biodiversité unique au monde!

L'Equateur a aussi la particularité d'être … à l'équateur (sans blague). On y retrouve d'ailleurs le point le plus haut de la ligne équatoriale, à proximité du volcan Cayambe, à 4800m. Il y a un petit monument touristique, appelé "mita del mundo", ce qui signifie moitié du monde pour représenter le changement d'hémisphère.  Autre conséquence, les journées durent toujours 12 heures (de 6h à 6h environ).

Notre voyage étant axé sur les plus beaux treks et rando du pays, dans l'optique de notre traversée des Andes, nous sommes principalement restés dans la Sierra et avons passé 4 jours aux portes de l'Amazonie.

Géographie © Guillaume Lorimier
© Guillaume Lorimier

 

Les peuples indigènes

Ils parlent aujourd'hui principalement espagnol, la langue quichua étant moquée auparavant. Les indigènes étaient très discriminés jusqu'en 1985 où des droits leurs sont reconnus. Ils vivent principalement à la campagne  ou à la montagne et sont souvent des producteurs importants de nourriture : culture de la patate, etc. Aujourd'hui des efforts sont fait pour préserver la langue, certaines écoles enseignent en quichua. Le quichua est différent du Quechua parlé au Pérou mais ont des racines communes. Ils ont conservé quelques traditions, comme par exemple le 21 juin, au solstice d'hiver, où il y a une grande fête traditionnelle qui s'appelle  Inty raimi. Cela signifie "l'homme du soleil" en quichua. Cette fête est célébrée en Equateur, au Pérou, en Bolivie sous différents noms.

© Guillaume Lorimier
© Guillaume Lorimier

Les transports

Il est généralement plutôt facile de se déplacer dans le pays, d'abord parce que le pays n'est pas très étendu mais aussi grâce à un réseau routier de plutôt bonne qualité. La route panaméricaine qui relie l'Alaska à la Patagonie traverse le pays du nord au sud. Côté pratique, quand on arrive dans les gares routières, il est aisé de trouver son bus car les vendeurs ont l'habitude de répéter indéfiniment la destination! En effet, chaque destination à son comptoir et nous n'attendons jamais plus que 2 minutes pour acheter un billet. De même, nous n'avons jamais attendu plus qu'un quart d'heure avant de prendre un bus sans avoir vérifié les horaires à l'avance ! Dans le bus, il est quasi incontournable de voir des vendeurs ambulants proposer des chips, des fruits, voire même du loto! Le bus s'arrête partout (y compris sur l'autoroute) pour déposer ou prendre des passagers ce qui est bien pratique pour la logistique de nos randonnées. On peut monter dans un bus n'importe où, sans payer à l'entrée, car il y a généralement une personne en plus du conducteur qui vient recevoir le paiement pour le voyage directement durant le trajet.

 

La nourriture

Comme en Colombie, les ingrédients principaux des plats typiques en Equateur sont le maïs et les patates. On peut manger un petit déjeuner typique pour 1,5$ et un menu du jour pour 2,5$ donc c’est souvent plus économique de manger en ville que de faire les courses au supermarché. De plus, manger un plat du jour au marché est une expérience unique. Notre coup de cœur est le Locro de papas, une soupe de patates avec du fromage et de l'avocat. Nous avons aussi bien aimé les empanadas, les pâtisseries à base d'une pâte feuilletée avec du fromage ou de la viande dedans. Et bien sûr, nous nous sommes régalés régulièrement de fruits exotiques comme l'ananas, les différentes variétés de bananes, les mangues… Avant d'arriver en Equateur, nous ne savions pas qu' il existe plusieurs types de maïs. La mais peut être cuisiné de différentes manières : en entier, toasté , en purée et même pour fabriquer une boisson alcoolisée qui ressemble à la bière appelée shicha. Même si les équatoriens ont des bons plats typiques et pas chers, les vendeurs de junk food comme hamburger, salchipapa (frites saucisses) ont aussi beaucoup de clients.

la nourriture © Guillaume Lorimier
la nourriture © Guillaume Lorimier

Expérience du refuge Punanti

Nous avons décidé de faire un volontariat dans un refuge en altitude (3600m) près du volcan Cayambe. Ce mois était très varié : nous avons aidé à la vie du refuge, construit un canal d'eau et avons repéré de nouveaux itinéraires autour du refuge.

 

Au refuge Punati avec Antoine © Guillaume Lorimier
Au refuge Punati avec Antoine © Guillaume Lorimier

L'hostel Punanti a été construit et géré par un suisse qui s'est installé en Equateur il y a 2 ans. Cet ancien cuisinier propose dans son établissement du logement en pension complète, des randonnées guidées et est un des rares en Equateur qui propose aussi des stages d'acclimatation d'une semaine. Ce stage permet aux participants de se préparer à l'ascension de volcan équatorien à haute altitude. Nous avons accompagné Antoine lors de certaines randonnées et aidé à structurer son activité (descriptif des sorties, fiches pédagogiques sur la faune locale, tracé GPS).

rando exploratoire © Guillaume Lorimier
Rando exploratoire © Guillaume Lorimier

Pendant ce volontariat, nous avons aussi eu l'opportunité de participer à une minga : un événement où toutes les personnes d'une communauté se retrouvent ensemble pour travailler ensemble pour un projet pendant une demi journée. Ce projet peut être par exemple de construire une route, nettoyer un réservoir d'eau, construire un canal etc. Nous avons compris que les équatoriens vivent plus en communauté que les européens et les habitants des villages participent  à des travaux pour l'intérêt général.

 

La formation et le travail des guides de montagne

Pendant notre voyage en Equateur, nous avons pu rencontrer 5 guides de haute montagne. Nous avons discuté de leur formation et des spécificités de leur travail. Il y a un lien fort entre la France et l'Equateur. Suite à une avalanche au Chimborazo (le volcan le plus haut d'Equateur), où il y a eu 15 morts, des secours  sont venus chercher les corps dont certains français. Depuis, l'ENSA (école des guides de Chamonix) est venue former les guides équatoriens pour standardiser les pratiques. La formation est maintenant organisée par l'ASEGUIM : (association de guia de alta montaña).

La durée de la formation est de 4 ans et le certificat est valable seulement en Amérique du sud. Les guides qui souhaitent avoir un travail international, peuvent passer une certification internationale, UIAM, en trois mois en Bolivie ou Pérou. Malheureusement, ce certificat ne permet pas aux guides de travailler dans les Alpes parce qu'il ne comprend pas les cours de ski (il est difficile de trouver des endroits pour pratiquer le ski dans les Andes).

La formation d'accompagnateur en montagne n'existe pas vraiment en Equateur. Pour travailler en tant que guide de trekking, il faut passer une formation de guía nacional. Cette formation est organisée par le ministère du tourisme, est gratuite et dure 3 ans avec des études à l'université. Il est aussi possible de passer la formation de guide locale mais cette formation permet aux guides de travailler que dans une zone géographique.

Actuellement, il y a  3 femmes guides de haute montagne en Équateur. Nous avons eu l'occasion de rencontrer Juliana, la première femme guide de haute montagne en Equateur . Elle est diplômée et qualifiée selon le standard international UIAM. Son parcours est impressionnant, elle a accroché avec l'escalade étant adolescente et n'a jamais arrêté de pratiquer la montagne ! Elle a guidé des expéditions en Himalaya, à l'Aconcagua, le Denali en 20 jours en Alaska, au Pérou et en Bolivie. Elle nous a expliqué que travailler comme guide femme n'était pas évident au début, pas tant pour se faire écouter avec les clients mais plutôt avec les collègues qui restent ancrés dans des mentalités machistes, qui globalement sont aussi très présentes dans la société équatorienne (les femmes cuisinent, font la vaisselle, la lessive , etc.). A 38 ans, elle est aujourd'hui formatrice pour les guides et semble avoir fait sa place dans le milieu de la montagne en Equateur.

Juliana première femme guide Equateur © Guillaume Lorimier
Juliana première femme guide Equateur © Guillaume Lorimier

Retrouvez également l'interview de Carlos ici:

 

Bilan de notre séjour

Après environ deux mois et demi en Équateur, nous revenons agréablement surpris de la découverte de ce petit pays qui possède sans doute l'un des plus grand potentiel de développement du tourisme de randonnée de l'Amérique latine. Nous avons pris à gérer l'humidité (petite pluie récurrente) et le trekking en altitude (entre 3000m et 4500m) ainsi que l'ascension de glaciers tropicaux (principalement de nuit). Nous avons d'ailleurs terminé par l'ascension en autonomie du sommet Cayambe, 5790m, sommet glaciaire le plus proche de l'équateur, par un nouvel accès dans des vallons sauvages et pas fréquentés au-dessus du refuge Punanti. L'expérience dans le refuge nous a permis de mieux comprendre la vie dans la campagne équatorienne et comprendre l'organisation du tourisme en Équateur.

Rando dans le Cayambe © Guillaume Lorimier
Rando dans le Cayambe © Guillaume Lorimier
Ascension Cayambe © Guillaume Lorimier
Ascension Cayambe © Guillaume Lorimier

 

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