La Colombie, "con mucho gusto"

Actus Grand Angle

Laura Kankaanpaa, assistante cheffe de produit à Grand Angle, est partie avec son compagnon pour une parenthèse de 7 mois en Amérique latine. Grand angle les soutient dans leur projet. A travers une série d'articles, nous vous racontons leur aventures et expériences dans les différents pays andins qu'ils explorent, dont la Bolivie et L'Equateur, le royaume des volcans...

*Con mucho gusto: expression typique pour dire "avec grand plaisir"

© Guillaume Lorimier

 

Longtemps boudé par les voyageurs, ce super pays d'Amérique latine semble renaître de ses cendres depuis une trentaine d'années. On peut voir en 2022 que l'offre touristique est maintenant structurée sur les grand sites et qu'il est facile de suivre un parcours "classique" grâce à un bon réseau de bus et avions.

 

En effet, le pays est grand comme 3 fois la France mais il y a de fortes pentes et des montagnes dans une grande partie du territoire. La spécialité locale est d'ailleurs le glissement de terrain qui peut engendrer d'importants retards de bus. Mais en prenant un peu son temps, on arrive à découvrir une région extrêmement variée et spectaculaire, en particulier grâce aux bus de nuit.

© Laura Kankaanpaa

En effet, des cimes et glaciers à plus de 5000m jusqu'à la côte caraïbe, en passant par un grand canyon et les paramos, la diversité des paysages est exceptionnelle. Nous avons effectué un grand tour des parcs nationaux pour trekker dans les lieux les plus réputés : los nevados et ses volcans dans la région du café, Tayrona et la sierra nevada de santa Marta proche de la côte caraïbe, au plus près des nombreux glaciers tropicaux à partir du village d'El Cocuy, et le parc méconnu de chingaza (zone de préservation de l'ours andin que nous avons eu la chance d'observer) à proximité de Bogotá.

© Guillaume Lorimier

Pour contraster notre expérience de voyage, il faut mentionner que les informations ne sont pas faciles à obtenir pour un voyageur: on manque de cartes, topos, balisages et office touristique. Le guide de lonely planet comporte des erreurs. Même certains colombiens ne semblent pas facilement trouver toutes les informations. C'est le petit bémol pour pouvoir se balader tranquillement, mais par ailleurs ça nous conduit à faire de belles rencontres et discussions avec les guides (cf paragraphe à ce sujet).

De plus, il faut souvent s'acquitter d'un droit d'entrée ou de sécurité qui peut parfois être onéreux en comparaison avec le niveau de vie.

Ces contraintes limitent sans doute le développement de l'activité randonnée malgré le potentiel considérable et l'implantation récente de plusieurs Decathlon dans le pays !

 

Comment sont les Colombiens?

Comment sont les colombiens © Laura Kankaanpaa
Comment sont les colombiens © Guillaume Lorimier

On observe en Colombie de grandes disparités de richesses, avec une classe moyenne émergente a côté d'une partie de la population dans une grande précarité.

En conséquence, il existe une communauté grandissante de grimpeurs (3 clubs d'escalade à Bogota avec 50 adhérents pour une mégalopole de 10 millions d'habitants), d'innombrables cyclistes avec des vélos d'excellente qualité (Giant ou autre). En effet la Colombie est bel et bien le pays du vélo, et nous avons un peu regretté de ne pas avoir pris nos deux roues...

Mais la rudesse des routes et la grandeur du pays ne nous auraient pas donné le même aperçu.

Les colombiens sont globalement très agréables et serviables. Ils sont très connectés, on peut payer en carte bancaire grâce un petit terminal portatif connecté au smartphone. Ils sont sans cesse sur Facebook et Instagram, toutes les réservations couramment se font sur WhatsApp ou via Booking.

 

Qu'est ce qu'on mange en Colombie ?

Nourriture en Colombie © Laura Kankaanpaa
Nourriture en Colombie © Guillaume Lorimier

Côté nourriture, on retrouve beaucoup de pommes de terre et de viandes. Nous nous sommes aussi régalés des fruits exotiques comme lulo, mangues, ananas, fruits de la passion.

Il faut goûter l'agua panela, une boisson à base de sucre de canne qui peut se déguster avec un morceau de fromage.

Notre plat préféré est la truite, il y a aussi des entrées fraîches que sont les ceviches. On peut traditionnellement avoir un plat avec une soupe (de haricots rouges par exemple) ou un plat de fruits!

Nous avons été déçus des pâtisseries, la culture du dessert n'est pas réellement implantée. En revanche, nous avons pleinement profité de l'excellente culture du café, et un peu aussi du chocolat.

 

Est-ce que la Colombie est sûre?

Sécurité en Colombie © Laura Kankaanpaa
Sécurité en Colombie © Guillaume Lorimier

En ce qui concerne la sécurité, généralement première préoccupation des étrangers , les grandes villes et les circuits touristiques ne posent pas de grands problèmes.

C'est globalement identique dans chaque pays d'Amérique latine, il faut rester vigilant surtout dans les villes et faire attention aux prix. Ne pas trop sortir la nuit, ou alors sans passeport ni carte bleue.

Dans les endroits moins touristiques, c'est plus tranquille et moins cher.

Les zones à éviter semblent être les frontières avec le Vénézuela, avec le Panama, et proches de l'équateur même si ces deux dernières peuvent être traversées.

Certaines zones de la côte Pacifique sont déconseillées.

 

Les peuples indigènes en Colombie

Culture indigène © Laura Kankaanpaa
Culture indigène © Guillaume Lorimier

Une raison pour laquelle nous avons décidé de voyager en Colombie est la présence forte d'une culture indigène. Il y a 150 peuples indigènes différents en Colombie. Certains sont assimilés à la population et vivent dans la société d'autres ont su conserver leur culture. Ces peuples vivent en harmonie avec la nature (souvent en montagnes). Ils savent également utiliser de nombreuses plantes médicinales telles que la fameuse feuille de coca pour se soigner.

Pour eux, les montagnes et en particulier les sommets sont sacrés et il ne faut pas les provoquer. Certains pics enneigés sont donc interdits d'accès comme dans le parc national d'El Cocuy.

 

Les guides en Colombie

Travail des guides en Colombie © Laura Kankaanpaa
Travail des guides en Colombie © Guillaume Lorimier

Nous avons participé quelques journées d'escalade et de randonnées guidées. Ces journées nous ont permis de comparer le travail d'un guide en Colombie et en France.

La première chose que nous avons remarqué est que la notion de temps n'est pas la même en Colombie et en France. Un guide Colombien peut se présenter à l'heure du rendez-vous avec 30 minutes de retard sans être désolé. Dans ce pays, être 30min de retard n'est pas considéré comme un problème. Le temps n'a pas la même valeur, les Colombiens ne s'énervent pas à cause d'un retard.

Nous avons aussi remarqué que les groupes pour un guide sont souvent petits. Par exemple, à El Cocuy, un guide a souvent 5 clients avec lui. En discutant avec Claudia, la guide de Choachi, elle nous a expliqué que la limite officielle est 16 personnes/guide mais c'est rare qu'un guide ait autant de clients avec lui. Un guide en Colombie ne semble jamais faire une randonnée avec un groupe si il n'a pas déjà fait l'itinéraire auparavant. Il est généralement de la région et ne voyage pas pour accompagner des groupes. Il est spécialiste de sa montagne, proche de son lieu de vie.

Le briefing de la journée (regarder la carte avec le groupe, vérification du matériel et déroulement de la journée) que nous avons l'habitude de faire en France nous manquait aussi.

En France, nous avons la possibilité d'accompagner les autres guides pendant leur travail en tant qu'observateurs.. En général, les accompagnateurs de moyenne montagne en France considèrent que nous sommes des collègues, pas des clients. En Colombie, nous n'avons pas eu le même sentiment. Même si les guides Colombiens savaient que nous étions des guides et que totalement autonomes, nous étions leur clients comme n'importe quelle autre personne.

Nous avons remarqué qu'en Colombie, la culture de randonnée est balbutiante et l'accès en montagne est très limité et n'est accessible que pour les personnes qui en ont les moyens. Les guides reconnaissent ce problème et pensent que les montagnes devraient être accessibles à tout le monde comme dans les Alpes, qui reste un modèle du genre pour eux. De manière générale, l'Europe fait rêver les Colombiens pour sa bonne organisation et les montagnes mythiques (en partie grâce au tour de France !).

 

Formation des guides en Colombie

Formation des guides 2 © Laura Kankaanpaa
Formation des guides © Guillaume Lorimier

En Colombie, il existe une formation pour devenir guide de montagne qui est organisé par un organisme qui s'appelle SENA. Cette formation est gratuite. Mais la formation n'est pas obligatoire. Il est possible d'être guide également avec de l'expérience (sans formation).

La formation comprend quelques cours sur les premiers secours, sur la faune et la flore et un petit peu de pédagogie. Mais comme en France, ça ne suffit pas pour être un bon guide, il faut étudier plus de son côté.

Un guide colombien peut emmener des clients sur un glacier et utiliser des crampons et un piolet, ce qui n'est pas autorisé en France pour les accompagnateurs en montagne

Guide en haute montagne en Colombie © Laura Kankaanpaa
Guide en haute montagne en Colombie © Guillaume Lorimier

Par contre, comme disaient les guides Claudia et David qui nous ont accueilli en volontariat, il faut mieux avoir une bonne expérience et être sûr de soi pour faire ce type de sortie car ce n'est pas enseigné pendant la formation.  De plus, le secours en montagne n'existe quasiment pas en Colombie (et si ça existe, ce n'est pas en hélicoptère mais en mules et ça peut durer longtemps).

Comme en France, les femmes guides de montagne ne sont pas là majorité. A El Cocuy par exemple, parmi les guides de randonnée seulement 20% sont des femmes.

 

Conclusion

© Guillaume Lorimier

En résumé, les deux mois passés en Colombie nous auront donné une expérience forte et diversifiée de ce superbe pays d'Amérique latine. Les paysages sont variés, le brassage multiculturel très riche et nous avons apprécié les produits exotiques locaux et consommés sur place : ananas, café, mangues, avocats, bananes…

Les prix sont généralement très abordables, et l'accueil des Colombiens est très agréable. En général, on apprécie la vie sans stress des locaux malgré les difficultés rencontrées (route, économie, corruption, etc). Il existe une petite communauté de randonneurs, grimpeurs et cyclistes que nous avons pu côtoyé pour mieux comprendre la pratique locale.

En guise de prolongement, nous avons donc effectué deux interviews pour rapporter un témoignage !

Claudia et David, deux guides de randonnées qui nous ont accueilli en volontariat pendant 10 jours dans leur ecolodge.

 

Et Alphonso, un ingénieur trailer colombien qui travaille aujourd'hui à temps plein sur l'organisation d'un festival de montagne proche du parc des nevados.

 

On vous raconte prochainement la suite de leurs aventures en Equateur!

© Texte et photos: Laura Kankaanpaa et Guillaume Lorimier

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