« Je ne sais pas trop, les Canaries m’ont l’air un peu surcoté quand même. Il y a trop de monde, beaucoup de tourisme de sol y playa (comprenez tourisme balnéaire), l’île me parait trop désertique, monotone, vraiment je ne sais pas …». Voici la première réaction de mes compagnons de voyage quand je leur ai proposé d’aller à Ténérife pour les vacances. Le ton était donné. Mais je ne m’avoue pas vaincue, je persiste et on signe pour cette destination ! J’ai maintenant une semaine pour leur démontrer que l’île de Ténérife est bien plus que ce dont elle est injustement accusée.
Nous décollons donc pour rejoindre l’île et son climat favorable après ce long mois d’avril particulièrement pluvieux. Après avoir récupéré notre voiture de location, nous rejoignons notre logement pour la semaine, situé à Poris de Abona, un petit village, sur la côte est, à l’écart des foules.
Nous dégustons notre premier repas typiquement espagnol sous forme de tapas dans au petit restaurant, avec vue sur la mer. Au menu : croquetas, papas locas et tortillas bien sur accompagné d’un tinto de verano qui nous rappelle nos vacances andalouses ! Ce petit restaurant de village incarne l’art de vie à l’espagnole : de nombreux locaux se réunissent le soir sur la terrasse du bar et discutent joyeusement (et quelque peu bruyamment il faut l’avouer) autour de tapas et de la fameuse Estrella Galicia. Puis nous nous couchons, en ayant hâte de découvrir ce que Ténérife a à nous offrir.
JOUR 1 : San Cristobal de la Laguna
Bon, pour le soleil, c’est raté en ce premier jour de vacances. Ça sera la pluie qui nous accompagnera aujourd’hui. Peu importe, il nous en faut plus pour nous décourager. On prend la voiture et on rejoint la TF1 (l’autoroute faisant le tour de l’île, qu’on aura l’occasion de parcourir en long, en large et en travers au cours de notre semaine) qui nous emmène à San Cristobal de la Laguna. Explorer cette ville classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, c'est véritablement remonter le temps. On y retrouve encore dans ses rues une architecture coloniale typique des premières villes canariennes.
Le musée d’histoire et d’anthropologie, situé dans une magnifique bâtisse construite au XVIème siècle nous permet d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de Ténérife, sa culture ainsi que ces premiers habitants.
Puis nous nous perdons dans les rues de la ville pour y admirer ses bâtiments colorés. Retour dans le présent arrivé à la Plaza de la Concepción : il subsiste sur la place quelques tentes vides, seuls témoins des récentes manifestations, contre le tourisme de masse, qui ont secoué les Canaries et l’Espagne ces dernières semaines.
En fin d’après-midi, la pluie aura finalement raison de nous et nous décidons de rentrer.
JOUR 2 : parc national du Teide
Journée haute en couleur pour ce deuxième jour au célèbre parc national du Teide. Nous n’avons pas prévu de faire l’ascension du Teide (l’une des attractions principales du parc) la randonnée exigeant une certaine condition physique (presque 1500 m de dénivelé positif). Cette semaine, nous avions décidé, blessure pour l’une et ambitions sportives pour les autres, d’un rythme tranquille. Une fois n’est pas coutume et ce n’est finalement pas pour me déplaire.
A noter, qu’il est également possible de monter au sommet du Teide via un téléphérique, mais attention peu importe le type d’ascension choisie (à pied ou en téléphérique) il est nécessaire d’avoir une autorisation délivrée par le gouvernement. Les places étant limitées à 200 par jour, il convient de s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour obtenir cette autorisation.
A la place, nous décidons donc de faire 2 plus petites randonnées : Los Roques de Garcia et la montana de Samara, ce qui nous permettra d’avoir tout de même le Teide en ligne de vue. On quitte la TF1 pour s’enfoncer dans les terres. Les routes se font moins larges, plus pentues et deviennent de plus en plus sinueuses ! La route offre de superbes panoramas. On transperce la mer de nuage, régulièrement poussée contre les versants montagneux par les vents alizés, et la vue se dégage. Les paysages se font plus désertiques. On sent que l’on prend de l’altitude et on est contente d’avoir pris avec nous nos vestes lorsqu’on arrive à notre premier point de vue : une immense plaine de roches volcanique en contrebas du Teide.
A 2 000 m, le vent souffle et les températures chutent. On reprend la voiture pour les quelques centaines de mètres qu’il nous reste jusqu’au départ de notre randonnée. Rythme de vacances oblige, on arrive en fin de matinée et les places de parking sont toutes prises d’assaut. On parvient, sur un coup de chance, à se faufiler entre 2 voitures et nous sommes impatientes de découvrir les paysages qui font la renommée de ce parc. Notre première courte randonnée nous emmène à travers les formations rocheuses de Los Roques. Ces formations rocheuses, vestiges de l’activité volcanique de l’île ont été façonnées par l’érosion pendant des millions d’années.
Si la plupart des touristes ne parcourent que les 500 premiers mètres, pour y admirer le Roque Cinchado (également appelé le doigt de Dieu), de notre côté, nous décidons d’en faire le tour. Ce qui nous prend à peine 1h30 mais nous permet d’être un peu plus tranquille sur les chemins. Les grands espaces lunaires qui s’en dégagent sont impressionnants et nous transportent dans l’Ouest Américain.
Une pause tardive pour manger sur le pouce et on reprend la route en direction de la Montana de Samara. A notre grande surprise, les forêts de pins succèdent aux immenses champs de lave. Notre deuxième randonnée de la journée nous permet de découvrir plus en détail cette surprenante alternance de paysage désertiques et paysages forestiers. Nous sommes contentes de retrouver un peu de verdure et ces quelques arbres verts disséminés sur ce sol volcanique offrent un contraste de couleur étonnant.
Le trajet de retour jusqu'à notre hébergement est presque une attraction en soi, offrant des panoramas tout aussi éblouissants que ceux des randonnées que nous avons faites. Nous pouvons même apercevoir au loin l’île de la Gomera qui se détache dans cette grande étendue d’eau qu’est l’Océan Atlantique.
JOUR 3 : Poris de Abonas
Troisième jour : jour de repos. Aujourd’hui nous laissons la voiture au garage pour découvrir les alentours de Poris de Abonas. Nous effectuons une petite randonnée, le long de la côte déchirée par les vagues, jusqu’au phare de Punta de Abona. Nous traversons des petites criques méconnues. En cette journée venteuses, elles ne sont occupées que par des surfeurs venus profiter des vagues ainsi que des locaux armés de leurs pelles et de leurs seaux fouillant les algues échouées sur la plage. Nous faisons halte dans un petit restaurant du tout petit village désert de Punta de Abona. Nous serons d’ailleurs les seules clientes de cet établissement, tenu par un Italien venu s’expatrier à Tenerife il y a 2 ans. Il en profite donc pour nous parler longuement de l’île et nous faire gouter 2/3 liqueurs maison (heureusement que le retour de la randonnée est plutôt court).
JOUR 4 : Garachico - Icod - La Orotava
Milieu de séjour, après une journée plutôt reposante la veille, on reprend un rythme plus soutenu avec beaucoup de kilomètre (en voiture précisons) qui nous attendent. On prévoit de trainer un peu moins le matin et de partir un peu plus tôt. Finalement c’est tout de même en fin de matinée qu’on arrive à notre premier arrêt de la journée : le petit village de Garachico.
Ce village pittoresque arbore encore des bâtiments à l’architecture colonial, le tout dans un paysage à la fois forestier et maritime. Sublime ! On y retrouve un peu plus de monde d’ailleurs. Les piscines naturelles, une des attractions de la ville, seront fermées ce jour-là. Tant pis pour nous, nous n’avions de toute façon pas encore eu le courage de nous baigner. Nous jugeons l’eau de l’Atlantique un peu trop froide à nos goûts, même pour les nordistes que nous sommes. Nous déambulons donc dans les rues tranquilles en nous imprégnant de l’atmosphère qu’il s’y dégage.
On décide d’ailleurs de faire notre pause déjeuner ici afin d’y déguster de délicieux poissons.
Après ce repas copieux, on reprend la voiture pour une dizaine de km et nous arrivons à la casa del platano (la plantation de bananes) de Icod. Cette petite plantation de bananes se visite rapidement mais nous permet d’en apprendre énormément sur la culture de la banane. Symbole emblématique des Canaries, c’est la seule banane en Europe à posséder le label IGP (Indication Géographique Protégée. Elle est reconnue mondialement pour ses petites taches noires, mais aussi pour sa saveur et sa texture remarquable. A la fin de la visite, une dégustation de bananes ainsi que de vins et liqueurs de bananes nous est proposée, et appréciée !
De quoi reprendre des forces avant de rejoindre le village de La Orotava. Une fois arrivées à la Orotava, on décide de visiter la Casa de Los Balcones.
Un joyau d’architecture du XVIIe siècle, se distingue par ses balcons en bois richement décorés de fleurs. À l'intérieur, on peut y admirer des meubles somptueux et un patio typiquement canarien, entouré de balcons et de hautes colonnes. On y trouve également un musée dédié à l'artisanat canarien, où sont exposés des échantillons représentatifs de l'artisanat typique des îles Canaries, ainsi que différentes techniques traditionnelles de broderie canarienne telles que la rosette et le fretage.
Mais ce sont surtout les jardins Victoria et le jardin d’acclimation qui font la renommée de la Orotava. Le jardin botanique de La Orotava, créé en 1788, a été conçu pour cultiver des plantes et des fleurs tropicales. Cet endroit est idéal pour se promener au cœur de la nature et découvrir des espèces fascinantes. C’est un véritable paradis pour les amateurs de botanique. Cette journée nous permet de découvrir ainsi le côté un peu plus balnéaire, et côtier de l’île.
JOUR 5 : le Massif de l’Anaga
Autre journée, autre diversité de paysage. Nous prenons la direction du Nord de l’île direction le Massif de l’Anaga. Cette fois ci on arrive à partir tôt et nous avons bien fait, car après avoir quitté la TF1, c’est la TF - 12 qui se poursuit puis la TF - 145. Ce qu’on gagne en chiffre, on le perd en largeur de route. Je suis contente d’avoir l’habitude de rouler en montagne, même si je ne suis pas très sereine, car les routes deviennent vite très étroites et sinueuses. Mais les paysages et la route sont magnifiques. Dommage que je doive me concentrer sur la conduite. C’est finalement sans encombre que l’on arrive au village de las Carboneras. Ce sont des paysages complètements différents que nous découvrons dans cette partie de l’île. Les montagnes se couvrent d’un vert manteau de laurisylve. Des arbres bordent les deux côtés de la route et se rejoignent à leur sommet telle une haie d’honneur sur le passage des voitures. Les fougères sont omniprésentes. C’est un vrai havre de verdure. Mes covoyageuses, grandes amatrices de plantes, sont plus que ravies.
On se gare au village et on entame la randonnée, qui est relativement facile. Une première montée nous fait arriver à un magnifique point de vue sur les montagnes et les villages alentours. Presque personne sur les sentiers, le soleil pointe timidement le bout de son nez de temps à autre, il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, parfait pour marcher ! Des fougères, du trèfle cornu, ainsi que des forêts de lauriers et de bruyères jalonnent le splendide sentier en hauteur. Je retrouve pendant cette randonnée, un paysage rural et agricole qui me rappelle fortement l’île de Madère (mais après tout, les îles ne sont distances que de 500 km à vol d’oiseau). Une pause déjeuner au restaurant la Cueva et le retour se fait tout aussi tranquillement via une forêt.
Puis on reprend la route en début d’après-midi pour rejoindre la plage de las Teresitas. Notre route nous fait traverser le Parc de l’Anaga et les différents panoramas continuent de nous émerveiller. Ténérife possède de nombreuses routes scéniques ! Cette fois c’est l’île de Gran Canaria que nous voyons se détacher à l’horizon. Nous regrettons un peu de ne pas avoir eu plus de temps pour explorer plus en détail cette partie de l’île. Les virages s’enchainent sur une route toujours aussi étroite mais heureusement toujours aussi bien entretenue. On espère cependant ne pas croiser de bus à chaque virage. La grande plage de las Teresitas est la seule plage de sable blanc de Ténérife, le sable y étant importé du Sahara. Mais le vent omni présent cette journée-là fouette le sable (et nous par la même occasion !) et nous fait vite rebrousser chemin. C’est dommage car la plage est magnifique. Ce n’est pas encore aujourd’hui que nous nous baignerons.
JOUR 6 : Los Gigantes
Pour notre dernière journée sur l’île on reprend la direction Sud-Ouest pour rejoindre le site de Los Gigantes. La ville fait tout de suite plus touristique avec ses infrastructures mais ce sont les célèbres falaises que nous souhaitons voir. Celles-ci atteignent jusqu’à 600 m de hauteur.
Le petit port de plaisance situé à côté des falaises se prête bien à une petite promenade et surtout à un bon repas (à base de poissons frais évidemment !).
Puis comme on ne veut pas rester sur un échec en ce qui concerne la baignade, on profite du reste de la journée pour se reposer à la plage. Notre choix se porte sur la petite plage de San Juan. Le soleil chauffe vite, le vent est très peu présent aujourd’hui, on profite enfin de l’eau fraiche de l’océan pour se rafraichir.
Nous avons choisi durant notre semaine d’éviter la pointe sud de l’île de peur d’y trouver trop de monde. Nous avons fait le choix de nous concentrer sur les lieux plus authentiques que Ténérife a à offrir.
Nous n’avons pas visité non plus le petit village de Masca, (qui nous a pourtant été vivement recommandé) par manque de temps malheureusement. Et par manque d’autorisation également … Masca étant victime de son succès, il est nécessaire, comme pour le Teide, d’avoir une autorisation pour accéder à la randonnée qui démarre du village et se poursuit dans le Barranco (ravin) de Masca.
L’heure du voyage touche à sa fin et c’est déjà avec nostalgie que nous dégustons notre dernier smoothie de la semaine sur la terrasse de notre logement qui donne sur la mer et le petit village si authentique de Poris de Abona. Ravies d’avoir mis de côté leurs aprioris, mes compagnons de voyages repartent enchantées de ce séjour et de Ténérife qui leur aura apporté de superbes découvertes. L’objectif est atteint !
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Écrit le 04/11/2024 par :
Cassandre Dufour