Le Karhunkierros, sentier de l’ours en Finlande

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Il est fin septembre à Ruka. Nous sommes arrivés à l’extrémité sud de la zone de Carélie. On prend un dernier café dans un hôtel confortable de Ruka. Aujourd’hui nous nous lançons sur le Karhunkierros, « le sentier de l’ours » en finnois. Il s’agit de 82km de sentiers qui oscillent entre rivières, marais, lacs et quelques rapides. En bref, un bon aperçu des paisibles paysages de nature finlandaise. 

Nous commençons l’itinérance du Karhunkierros à Hautajärvi, le départ officiel du trek. Il est possible, avant de se lancer, de faire un arrêt au ‘visitor center’ où des informations sont disponibles concernant les espèces sauvages, le milieu et la réglementation. Nous apprenons que nous pourrons observer des espèces que nous connaissons du Vercors, comme le tétras-lyre ou le lagopède. 

début de l'itinérance © Guillaume Lorimier
début de l'itinérance © Guillaume Lorimier

Après avoir parcouru les premiers kilomètres, nous décidons de faire un arrêt au bord de la rivière « Oulankajöki » que nous suivrons durant une bonne partie de cette itinérance du sentier de l’ours en Finlande.

Première surprise, nous réalisons que les allumettes et les briquets ne sont pas passés dans le bagage enregistré ! Nous apprenons en discutant avec un autre randonneur qu’il aurait fallu les garder en bagage à main. La sécurité de l’aéroport nous avait également pris nos batteries externes, qui doivent également rester dans le bagage cabine… 

Fort heureusement, un groupe de randonneurs dispose d’une boîte d’allumettes en plus, ce qui nous permet tout de même de boire le café au pique-nique ! 

 

orientation à la carte et boussole © Guillaume Lorimier
Orientation à la carte et boussole © Guillaume Lorimier

Pour économiser la batterie de nos téléphones, nous décidons de nous orienter principalement à la carte et à la boussole. Les sentiers sont aussi relativement bien balisés. 

Après 23km, à la fin de la journée, nous arrivons à la cabane ouverte de Taivalkongas. Nous avons de la chance, à part nous, il y a qu’un groupe de 3 personnes qui ont prévu de dormir dans la cabane. A priori, nous n’avons pas besoin de sortir notre tente, mais ce n’est pas encore sûr, c’est possible qu’il y ait encore de nouveaux arrivants dans la journée. La règle non écrite en Finlande est qu’on laisse toujours de la place dans la cabane pour ceux qui arrivent en dernier. On considère que ceux qui sont arrivés plus tôt ont déjà eu du temps pour se réchauffer et se reposer au chaud, et peuvent donc laisser la place pour les derniers arrivants. Il faut toujours emmener sa tente avec soi ! 

Après le repas, nous nous sommes finalement dit qu’on pouvait gonfler nos matelas, car il y a de la place pour dormir à l’intérieur. 

 

Cabane de Taivalkongas © Guillaume Lorimier
Cabane de Taivalkongas © Guillaume Lorimier

Notre deuxième journée est composée d’une demi-journée de randonnée et d’une demi-journée de canoë. Les premiers 8km de marche passent vite, nous marchons dans la forêt en observant plusieurs pics épeiches qui cherchent leur repas à l’intérieur des troncs des arbres morts.  
Après 2h de marche, nous retrouvons la civilisation, à la maison du parc de Kiutaköngäs. Nous décidons de recharger nos batteries dans tous les sens du terme : en mangeant un burger de rennes fait maison et en profitant des prises électriques pour les téléphones. 

 

c'est parti pour le kayak © Guillaume Lorimier
C'est parti pour le kayak © Guillaume Lorimier

L’après-midi, nous récupérons notre canoë et nous commençons la deuxième activité de la journée. La partie Mataraniemi-Kiutakongas est censée être un itinéraire pour débutants mais nous trouvons qu’une petite expérience en canoë est bien utile car il y a quelques petits rapides qui peuvent être impressionnants ! 

Nous n’avons quasiment pas de vent et nous avançons à un bon rythme. Le paysage autour de la rivière est différent de celui sur le chemin et surtout, nous sommes en immersion vraiment seuls dans la nature !  
Après quelques kilomètres, nous observons un tétras-lyre, en train de chercher à manger dans les buissons au bord de la rivière ! 

Le laavu, un abri en bois © Guillaume Lorimier
Le laavu, un abri en bois © Guillaume Lorimier

Apres 20km, nous nous arrêtons à côté d’un laavu (un abri en bois) de Alamutka que nous avions repéré sur la carte pour passer la nuit. Ce laavu est accessible uniquement en canoë / kayak (ou bateau), il n’y a pas de chemin de randonnée à proximité. Nous préparons nos saucisses sur le feu comme le font beaucoup des finlandais à la sauce moutarde locale, qui est plutôt sucrée, et fabriquée dans la ville de Turku. Grace à cet abri très bien conçu, nous remarquons à peine qu’il pleut !  

Kayak sur la rivière © Guillaume Lorimier
Kayak sur la rivière © Guillaume Lorimier

Après une bonne nuit, nous préparons notre petit déjeuner et continuons à pagayer. Après 5km, nous arrivons à la plage de Jakalamutka où nous sommes censés laisser notre canoë et retrouver le chemin en utilisant nos talents d’orientation. Nous décidons de prendre un azimut en direction de l’ouest, même si nous avons remarqué la présence d’un marais sur cet itinéraire. On supposait que « on ne va pas trouver des marais dans des pentes quand même, ça ne serait pas logique » .

Malheureusement, notre hypothèse n’est pas confirmée, nous nous sommes donc retrouvés à marcher dans un marais, heureusement franchissable mais bien humide. Au moins, nous sommes maintenant motivés à marcher 16km pour arriver à la cabane, pour y passer la nuit et sécher nos affaires. Après 1h30 de marche dans le marais, nous retrouvons finalement le chemin balisé du Karhunkierros, ouf !

Chemin balisé dans le marais © Guillaume Lorimier
Chemin balisé dans le marais © Guillaume Lorimier

Après quelques kilomètres, nous nous arrêtons pour griller nos sandwiches (à la moutarde finlandaise et au fromage fumé) dans un kota (un tipi finlandais solide et permanent) situé au bord d’une rivière.  

Nous finissons notre journée en marchant sur un chemin entouré par des arbres colorés et avec quelques jolis points de vue sur les collines alentours. Le chemin descend au bord de la rivière avant d’arriver à la cabane de Siilastupa. Nous ne sommes pas seuls, mais la cabane n’est pas pleine non plus. Avant de manger, nous nous décidons pour une petite baignade dans la rivière : ça fait quand même 3 jours que nous n’avons pas pris de douche !

Cabane de Siilastupa © Guillaume Lorimier
Cabane de Siilastupa © Guillaume Lorimier

 Le quatrième jour est notre journée préférée en termes de paysage. Le terrain est plus vallonné que les autres jours et il passe par les ‘tunturis’ et ‘vaaras’, les vieilles montagnes érodées typiques des paysages lapons. Le chemin traverse aussi plusieurs fois la rivière par une passerelle himalayenne. Nous commençons aussi à sentir nos jambes après une quatrième journée de marche sur le chemin finalement assez accidenté avec des racines et des pierres qui nécessitent de toujours rester vigilant.  

Passerelle himalayenne © Guillaume Lorimier
Passerelle himalayenne © Guillaume Lorimier

Nous faisons notre pause déjeuner à côté d’une cabane ouverte dans un endroit désigné pour faire un feu. Nous ne sommes pas les seuls à avoir faim : les mésangeais imitateurs n’ont pas peur, et ils viennent piquer dans nos sandwichs qui grillent sur le feu ! 

Pique Nique à côté de la cabane © Guillaume Lorimier
Pique Nique à côté de la cabane © Guillaume Lorimier

 

Plus nous nous approchons de Ruka, plus les paysages deviennent jolis et ouverts ; Et même si nous ne sommes pas dans la région des lacs, nous pouvons comprendre, pourquoi la Finlande s’appelle le pays des mille lacs et forêts ! 

Lacs et forêts en Finlande © Guillaume Lorimier
Lacs et forêts en Finlande © Guillaume Lorimier

Nous arrivons sur la dernière colline de la journée, Valtavaara qui fait aussi partie de la réserve naturelle du même nom. Nous profitons de la petite cabane pour prendre une petite pause goûter avant d'arriver à un Laavu où nous avons prévu de passer la dernière nuit avant de retrouver la civilisation.  

Réserve de Valtavaara © Guillaume Lorimier
Réserve de Valtavaara © Guillaume Lorimier

Le dernier jour, il nous reste 7km avant d’arriver à Ruka : les pisteurs ont déjà commencé à préparer les pistes (qui sont sensés ouvrir dans une semaine, le 8/10 ! La dernière partie du chemin a donc été modifiée et ça prolonge notre un petit peu notre itinéraire. Nous arrivons finalement à Ruka et profitons de l’accueil d’un hôtel pour boire un café avec un pulla (brioche à la cannelle). 

 Accueil à l'hotel de Ruka © Guillaume Lorimier
 Accueil à l'hotel de Ruka © Guillaume Lorimier

Pour finir le sentier de l’ours, nous avons décidé de réserver un tour pour observer les ours à la frontière est.  

Dans l’après-midi, nous arrivons proche de la frontière est et avec notre guide, nous marchons 10 minutes pour arriver dans une cabane d’affût. Nous nous installons dans la cabane (chauffée !) pour observer les potentiels ours pendant les 4 prochaines heures. Notre guide va jeter quelques saumons et des pommes pour attirer les ours, car les ours sont omnivores ; et ils peuvent adapter leur repas en fonction de ce qu’ils trouvent.  

Après 30 minutes d’attente, nous observons un premier ours : selon notre guide, il aurait 5 ans. Il profite de son repas en compagnie des aigles et des corbeaux qui saisissent eux aussi des morceaux de poissons. A la fin des 4 heures (avant l’arrivée de la nuit), nous avons pu observer 3 ours. Le dernier objectif de notre voyage est atteint ! 

Les affiches de notre dernier hébergement nous donnent d’autres idées pour notre prochain voyage trekking en Laponie finlandaise... On n’aura jamais tout vu ! :-)  

© Guillaume Lorimier

 

 

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